A l’occasion de la fête de la musique célébrée le 21 juin de chaque année, MOSEKA.info a jetté son dévolu sur le parcours élogieux de Abeti Masikini, une des chanteuses congolaises qui ont marqué l’histoire de la musique congolaise.
Abeti Masikini de son vrai nom Elisabeth Finant Aka Abeti Masikini, née le 9 novembre 1954 à Stanleyville au Congo belge (aujourd’hui Kisangani, en république démocratique du Congo) et morte le 28 septembre 1994 en région parisienne, est une chanteuse multi-instrumentiste, parolière, compositrice, arrangeuse, et productrice congolaise.
Biographie
De son vrai nom Élisabeth Finant, Abeti Masikini naît le 9 novembre 1954 de Jean-Pierre Finant et de Marie Masikini, au sein d’une famille aisée de huit enfants. Son père, un métis belgo-congolais, l’initia très tôt au piano. Elle chanta également très jeune comme choriste dans l’église catholique.
En 1961, son père, membre du parti lumumbiste, fut assassiné à Bakwanga (aujourd’hui Mbujimayi). Les Finant s’exilèrent à Kinshasa, la capitale du pays. Là, Abeti intégra le lycée Sacré-Cœur, actuel lycée Bosangani. Après ses études secondaires, elle travailla comme secrétaire au cabinet du Ministre de la Culture Pierre Mushete.
C’est à cette période que la jeune « Betty » (son surnom) va laisser libre cours à sa passion pour la musique, à la grande surprise de sa famille. Elle participe en 1971 à un concours de la chanson organisé par l’artiste Gérard Madiata, où elle se classe troisième. Elle modifiera sa date de naissance en y ajoutant trois années de plus alors qu’elle a réellement 17 ans. Elle monte avec l’aide de quelques proches un groupe dont le guitariste est son jeune frère Jean Abumba. Elle se fait appeler Betty Finant et se produit dans de petits clubs.
Vie privée
Abeti a vécu avec son compagnon et manager, Gérard Akueson de 1972 à 1994. Ils officialisèrent leur union à Paris en 1989. Elle était la mère de quatre enfants, trois filles et un garçon : Yolande Masikini, Gérard Badé Akueson, Germaine Masikini (fille adoptive) et Harmony Akueson (née en 1988).
Les débuts
La carrière d’Abeti commence à la fin de l’année 1971 lorsqu’elle rencontre le togolais Gérard Akueson, alors manager et producteur de la chanteuse Bella Bellow de passage à Kinshasa. Elle demandera à faire partie du spectacle, mais vu le programme, cela ne pourra se réaliser. Toutefois, le producteur lui promettra de revenir plus tard au Congo uniquement pour la produire, chose qui sera faite quelques mois après.
La jeune congolaise, devenue Abeti Masikini à la suite de la politique du recours à l’authenticité initiée par Mobutu, se retrouvera sur scène en Afrique de l’ouest devant des milliers de spectateurs qui tout de suite vont l’adopter. Elle se produira au Bénin, en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso (Haute-Volta), au Togo, au Niger, en Guinée, au Ghana et au Nigeria.
À son retour au pays, l’accueil ne sera pas identique. Elle était une parfaite inconnue, d’autant plus qu’elle n’avait pas d’albums sur le marché. Elle effectuera sa sortie officielle au ciné Palladuim devant 12 personnes. Mais elle ne baissera pas les bras et s’acharnera à travailler sa voix. Elle sort ses premiers disques en 1973. Il s’agit des titres comme Mutoto Wangu, Bibile, Aziza, Miwela, Safari et Papy Yaka. Mais, ces chansons aux mélodies blues, soul et folk n’attirent pas l’attention du grand public kinois. Elle est d’office cataloguée comme une chanteuse étrangère, surtout à cause de son fort accent swahili, de sa voix si particulière et de sa musique aux influences métissées. Cependant, grâce à un travail hargneux et à de nombreux passages à la télévision avec son groupe fraichement rebaptisé Les Redoutables (ex Les Alouettes), ainsi que ses danseuses Les Tigresses, elle attire l’attention des critiques par l’originalité de ses spectacles. Son manager Akueson lui décrochera un contrat à l’Olympia de Paris au courant de l’année 1973, avant même la sortie de son premier 33 tours. En route vers la célèbre salle parisienne, elle proposera le spectacle intitulé Soleil à Dakar au Sénégal, devant le président Léopold Sédar Senghor. Les recettes de ce concert seront reversées à la caisse d’aide aux populations victimes de la sécheresse. Le même spectacle sera présenté le 19 février 1973 à l’Olympia devant un public majoritairement blanc et rencontrera un succès.
Héritage culturel
Plusieurs années après sa disparition, Abeti reste l’une des figures marquantes de la musique africaine contemporaine. Elle est considérée comme l’une des grandes écoles musicales, car bon nombre d’artistes talentueux sont passés par son groupe Les Redoutables, comme Mbilia Bel (choriste de 1976 à 1981), Lokua Kanza (guitariste, 1980-81), Abby Surya (danseuse, 1984-1986), Malage De Lugendo (choriste-chanteur), Tshala Muana (danseuse durant trois mois entre 1978-79, ancienne de M’Pongo Love), Yondo Sister (danseuse 1986, ancienne de Tabu Ley), Lambio Lambio (danseur), Komba Bellow (percussionniste), Richard Shomari (choriste), Joëlle Esso (danseuse), etc.
Abeti est aussi l’une des artistes africaines à avoir révolutionné la musique sur le continent en fusionnant différents rythmes du monde au folklore du terroir. Elle figure également parmi les rares chanteuses d’Afrique à avoir eu une carrière internationale.
Abeti a également influencé plusieurs femmes africaines par son style de maquillage, ses coiffures à la mode et son habillement. En Afrique de l’Ouest, la jupe droite à fente porte le nom de « jupe Abeti » et un tissu wax a été nommé d’après le tube Scandale De Jalousie.
Abeti représente aussi l’émancipation de la femme congolaise et africaine dans l’univers de la chanson. Elle a été la première femme de son pays à s’imposer professionnellement dans le monde musical congolais dominé exclusivement par des hommes. Lorsqu’Abeti a commencé sa carrière, la seule chanteuse à avoir connu le succès localement fut Lucie Eyenga (1934-1987).
Les dernières années
Elle sort un dernier album en 1990 intitulé La Reine du soukous comprenant, entre autres, les chansons suivantes : Bebe Matoko, Mupenzi, Malu et une reprise de Mwana Muke Wa Miss. Elle se produit par ci et par là notamment à Kinshasa au Palais du Peuple en décembre 1990. Elle livre son dernier spectacle dans la salle LSC à la nuit du réveillon 1993.
La maladie l’éloigne de son public les mois suivants, et elle décède le 28 septembre 1994, en région parisienne, des suites d’un cancer. Son corps est rapatrié à Kinshasa le 9 octobre de la même année. Elle est décorée à titre posthume d’une médaille de l’Ordre national du Léopard et elle est enterrée le 10 octobre au cimetière de la Gombe en présence de plusieurs personnalités, des membres de sa famille et de nombreux fans.
Rivalité avec Mpongo Love
Depuis les années 70, Abeti Masikini aimait être là reine la reine de la musique congolaise, c’est pour cela qu’elle s’était donc surnommée la tigresse, car aucune autre article féminine ne s’était approchée d’elle en ce qui concerne la musique congolaise. L’émergence de Mpongo Love a offert à Abeti Masikini un défi dans son règne, car de nombreux fans de la musique congolaise ont immédiatement déclaré Mpongo Love comme héritière apparente du trône d’Abeti Masikini. Au début, Mpongo Love a qualifié Abeti Masikini de grande sœur.
Puis que dans la tradition de la musique congolaise, les musiciens rivaux se disputent toujours une rivalité amère est née entre les deux, et c’est alors Abeti Masikini a tiré la première en sortant la chanson intitulée « BILANDALANDA » qui signifie « Une suiveuse ». Cette chanson va laisser plusieurs fans de la musique congolaise se demander si Abeti Masikini suggérait que Mpongo Love s’efforçait d’être comme elle? Une allégation qu’Abeti Masikini niera.
Mpongo Love va riposter en sortant la chanson « KOBA » signifiant « Continu ». Dans cette chanson Mpongo Love parlait de la méchanceté et de la rancœur qui habitent dans le cœur de certaines personnes, cependant de nombreux fans de la musique congolaise ont vu dans cette chanson une riposte à la chanson d’Abeti Masikini.
Abeti Masikini demeure un patrimoine culturel que la génération actuelle et future doivent chérir et promouvoir.
Musique Me/ via moseka.info